Evocation cinématographique d’un jeune mathématicien
Le 18 septembre 2010 Voir les commentaires (2)
Cet été, Arte a programmé un joli film d’Eric Rohmer, Conte de printemps.
Je n’ai pu le revoir, mais je comptais de toute façon l’évoquer dans un billet.
Au début du film, on voit le personnage principal, Jeanne, jeune professeur (j’adopte l’orthographe de l’époque) de philo et personnage principal, passer en coup de vent dans un appartement passablement désordonné, et rempli de livres.
On comprend assez vite que c’est l’appartement de son fiancé Mathieu.
En bon cinéaste, Rohmer suggère par l’image avant de raconter.
On apprendra beaucoup plus plus tard que Mathieu (qui n’apparait pas dans
le film) est mathématicien (il vient de terminer sa thèse et a de bonnes chances d’entrer au CNRS). Au moment de la sortie du film (1990), un spectateur un peu averti s’en aperçoit au premier coup d’œil grâce à la présence simultanée de deux indices :
- tout d’abord un Macintosh.
Attention : il s’agit du tout premier Macintosh d’Apple. C’était le premier ordinateur personnel avec souris, sorti en 1984 ; - ensuite, on remarque pas mal de livres avec une couverture rouge, le titre sur la tranche étant blanc sur fond noir. Cette présentation est caractéristique des éditions Mir. [1]
Aujourd’hui, il y aurait dans l’appartement de Mathieu beaucoup moins de traces
de son activité professionnelle : il y a nettement plus de bureaux pour les thésard(e)s qu’il y a vingt ans (même si ces bureaux sont souvent très spartiates).
L’ordinateur de Mathieu serait un portable qu’il aurait emporté avec lui.
Il y aurait beaucoup moins de livres de mathématiques : il existe de nombreux
documents téléchargeables, et avec la disparition des Editions Mir, il n’y a pratiquement plus de livres scientifiques à des prix abordables.
En guise de conclusion
Il faut rendre hommage à Rohmer pour sa très bonne documentation, et aussi
pour une description qui échappe complètement aux clichés. Jeanne n’apprécie pas trop le désordre de Mathieu, mais l’aime pour son côté poétique et sa fantaisie.
Notes
[1] C’était une maison d’éditions de l’état soviétique, qui se voulait une vitrine de l’URSS. Elle publiait notamment des ouvrages scientifiques en français à des prix défiant toute concurrence. Ce lien donne une idée du catalogue.
C’est cette maison d’édition qui a fait connaître notamment
Méthodes mathématiques de le Mécanique classique et Equations différentielles ordinaires de V.I. Arnold.
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Pour citer cet article :
Jacques Lafontaine — «Evocation cinématographique d’un jeune mathématicien» — Images des Mathématiques, CNRS, 2010
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Evocation cinématographique d’un jeune mathématicien
le 20 septembre 2010 à 00:24, par Stéphane Jaffard