Faire du français comme des maths, sans s’intéresser au plaisir...
Le 5 juin 2010 Voir les commentaires (8)
Une pique révélatrice sur les maths, au journal télévisé.
France 2, le mercredi 2 juin, JT de 20h, « la grande messe du 20h ».
En deuxième partie de journal, on y aborde l’enseignement du français, supposé trop aride, parce que trop technique. Les élèves seraient inondés d’un vocabulaire abscons (anaphore, polysémie, hémistiches, synecdoque et autres figures de style [1]) et le but de l’épreuve de commentaire de texte
au baccalauréat serait de réduire un texte, un poème par exemple, à une espèce de mécanique, que l’élève
analyserait à l’aide du vocabulaire technique appris, et ce, au détriment du
sens littéraire de l’œuvre.
Quel rapport avec les maths ? Cette affirmation, péremptoire et qui aurait pu passer inaperçue : l’enseignement actuel du français oblige ainsi les élèves à
Faire du français comme des maths, sans s’intéresser au plaisir.
Vous l’avez compris : la critique de l’enseignement du français abordée dans le reportage, ou la figure de style contenue dans cette phrase, une comparaison, m’importent moins
que le jugement porté et colporté sur les mathématiques, à cette heure de grande
écoute télévisuelle, présentées ici comme l’archétype de la discipline aride. De façon quasi-inconsciente, au détour de cette phrase anodine, le (ou la) journaliste nous livre ce qu’il pense des mathématiques.
Nous connaissons tous ces lieux communs : les maths, les sciences (?) ne relèvent pas de la culture, et les maths en particulier ne procurent certainement aucun plaisir. Nous connaissons aussi personnellement plein de gens qui, sans en faire leur profession, ont un bon souvenir des mathématiques et parlent volontiers de plaisir
vis-à-vis de cette discipline [2], et d’autres qui ont eu de très mauvaises expériences avec les maths. Et sans doute la communauté mathématique n’est-elle pas indemne de tout reproche ... Mais quand même ce n’est pas une raison pour stigmatiser de cette façon les mathématiques !
Invitons donc les journalistes de la rédaction de France 2 à faire un petit tour
sur « Images des maths » et gageons que leur jugement sur cette discipline en sera
modifié...
A moins que ... A moins qu’il ne faille voir dans la phrase ci-dessus que de l’ironie ou une litote, auquel cas, je n’ai rien dit !
Notes
[2] Certains sont relecteurs pour images des maths, et je les en remercie.
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Pour citer cet article :
Christine Huyghe — «Faire du français comme des maths, sans s’intéresser au plaisir...» — Images des Mathématiques, CNRS, 2010
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Commentaire sur l'article
Faire du français comme des maths, sans s’intéresser au plaisir ...
le 6 juin 2010 à 11:51, par Ilies Zidane
Faire du français comme des maths, sans s’intéresser au plaisir ...
le 6 juin 2010 à 13:05, par toufou
Faire du français comme des maths, sans s’intéresser au plaisir...
le 7 juin 2010 à 07:39, par pierretravers
Faire du français comme des maths, sans s’intéresser au plaisir...
le 7 juin 2010 à 20:31, par Christine Huyghe
Faire du français comme des maths, sans s’intéresser au plaisir...
le 7 juin 2010 à 09:19, par Sgenoud
Faire du français comme des maths, sans s’intéresser au plaisir...
le 7 juin 2010 à 10:14, par mikl
Faire du français comme des maths, sans s’intéresser au plaisir...
le 7 juin 2010 à 17:04, par Jacques Lafontaine
Faire du français comme des maths, sans s’intéresser au plaisir...
le 7 juin 2010 à 20:26, par Christine Huyghe