Ellipse belge et maçon italien. Je conteste le côte « raté »
le 23 juin 2013 à 09:53, par Jean Brette
Chère Michèle,
Je te trouves très sévère avec Martin Schilling quand tu qualifies son modèle de « raté », même tempéré par « peut-être », et même si tu précises dans la note 2, qu’il s’agit d’une opinion qui peut être discutée. Pour tout dire, je te trouve même un peu de mauvaise foi. ;o)
Je m’explique :
Commençons par la première figure, rose et bleue, légendée Théorème Belge.
Tu évoques « l’intersection d’un cône (assez virtuel) et d’un plan (totalement inexistant) » . C’est très exagéré.
D’une part le cône est visible dans ses parties supérieure et inférieure, ce que tu dis d’ailleurs dans ta descrtiption,mais il y a même une génératrice métallique, que l’on voit bien à droite de la photo. D’autre part il ne t’aura pas échappé que l’ellipse du modèle est le bord d’un morceau de tôle ajouré qui est vissé sur chacune des demi sphères (visible sur la photo 2). Le plan de la tôle est bien réel et pas du tout inexistant !
Par ailleurs, dans cette figure bleue et rose, les deux sphères portent des cercles qui n’ont pas grand chose à voir avec le théorème. Passe encore pour celui qui représente l’équateur de la petite sphère, (même s’il n’intervient pas dans le théorème), mais l’autre ? Ni équateur, ni cercle tangent au cône, ni aucune existence dans la maquette.
Pourquoi ne pas avoir donné le même schéma que celui qui figure dans la démonstration ?, et qui a l’avantage d’avoir entièrement sa contrepartie dans le modèle :
• Les deux cercles où les sphères sont tangentes au cône sont visibles sur la photo. Celui du haut montre bien l’espace entre le sommet du cône et la portion de sphère. Il y a le même espace (mais non visible ici) entre la sphère du bas et la partie inférieure du cône. Ces deux espaces ont leur importance pour le modèle
• les deux foyers F et F’ de l’ellipse sont précisément les points où la tôle ajourée citée plus haut (et dont l’ellipse est le bord), est vissée sur les deux sphères. Il est donc parfaitement visible que le plan est tangent aux sphères.
• le segment MM’ est matérialisé dans le modèle par la tige métallique que j’ai citée. Cette tige métallique est en fait plus complexe qu’un simple segment puisqu’elle peut tourner autour de l’axe du modèle.Si O et O’ sont les centres des cercles passant par M et M’, la tige est formée des trois segments OM, MM’, M’O’. Cette "génératrice peut donc tourner autour du cône. Le fait qu’elle soit métallique implique que la distance MM’ est constante.
• Enfin, un fil (inexistant aujourd’hui sur la maquette) passe par les deux points de fixation en contournant la génératrice au point P. On peut ainsi s’assurer qu’il reste tendu pendant que la génératrice tourne autour du cône, et que le point P décrit l’ellipse. (Evidemment, s’il n’y a plus le fil, c’est moins visible).
Par ailleurs, tu dis au début : « non ce n’est pas une photo ratée ». Si ! Elle est sous exposée, et prise derrière une vitrine, ce qui en masque une partie des détails, par exemple le foyer qui est visible.
Tu précises à la fin que « les modèles en plâtre du maçon semblent avoir été plus réussis que notre modèle en bois et cuivre ». Là encore, je te trouve sévère avec Schilling. D’une part, il y a aussi des modèles en plâtre dans sa collection, montrant les intersections possibles d’un cône et d’un plan (et ils sont visibles à l’IHP), et d’autre part ces modèles ne montrent rien concernant le théorème de Dandelin (et sûrement les modèles du maçon non plus). Non seulement le modèle illustre le théorème, mais c’est même l’un des rares cas que je connais où un modèle donne presque intégralement la démonstration !
Evidemment, il est plus facile de l’apprécier quand on connait déjà le théorème, mais il en est de même pour presque tous les modèles de Schilling.
Ces modèles étaient destinés à être montrés en amphi, avant que les étudiants ne s’en approchent. Par exemple, les modèles de la collection des polyèdres sont d’une taille inutilement grande s’il s’agissait seulement de les montrer dans une vitrine.
Pour finir, j’ai une question : Comment aurais tu fait, toi, techniquement, physiquement, pour illustrer et mettre en oeuvre ce théorème ?
Bien amicalement
Jean
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